En 2017, Typhaine Blanchet a décidé de se reconvertir pour rejoindre la grande aventure de la pêche à la Coquille Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc. Elle co-gère depuis avec son mari, Eddy, une flotte de trois bateaux et une entreprise de vente à Erquy. Entre embarquement et ventes des fruits de la pêche, elle raconte.
C’est un heureux concours de circonstances qui a conduit Typhaine Blanchet à la pêche à la coquille Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc. « Je suis issue d’une famille de marins-pêcheurs, explique-t-elle. Mes parents et mes grands-parents étaient dans le milieu. Mais jamais je n’aurais pensé y revenir ! ». Elle a pourtant sauté le pas. « J’étais directrice commerciale dans le groupe Ouest-France quand j’ai rencontré mon mari Eddy. Il travaillait sur le Nazado, un vieux bateau en bois de 1968. Son bateau de cœur ! Moi, j’adorais mon métier, mais je me suis rendu compte que je ne pourrais plus évoluer sans quitter la Bretagne. Nous avons décidé d’unir nos savoir-faire : le mien, au niveau commercial, et celui d’Eddy, qui est un pêcheur expérimenté ». Typhaine rejoint l’entreprise familiale et le couple s’associe pour faire construire deux bateaux jumeaux, l’Ar Avel Dro et l’Ar Gwaster III. Aujourd’hui, s’ils travaillent ensemble, à chacun ses compétences et ses responsabilités. « Je m’occupe de toute la partie administrative : comptabilité, déclarations aux affaires maritimes, suivi des équipages, traçabilité des marchandises… Je cherche surtout à développer les ventes. Avant, Eddy laissait toute sa pêche en criée. Désormais, nous vendons essentiellement aux particuliers, dans notre point de vente d’Erquy, ou à des revendeurs qui travaillent principalement sur les marchés. Nous avons aussi développé Nazado, un site marchand d’expédition de Saint-Jacques décoquillées au moment du Covid-19. Nous avons été parmi les premiers à le faire ».

Respect mutuel
En 2022, Typhaine est retournée à l’école pour passer son CMP (Certificat Matelot Pont). Le sésame pour pouvoir embarquer. « Pour assurer la pêche, il faut être minimum deux sur chaque bateau. Grâce à ce diplôme, je peux remplacer un équipier à tout moment. À bord, je reste certes le dernier matelot, car je n’embarque pas régulièrement. Mais je fais mes preuves en faisant. On se respecte tous. L’équipage est jeune, et les jeunes ne portent plus du tout le même regard sur nous les femmes. Ils vivent avec leur temps ! Je suis persuadée que nous serons de plus en plus nombreuses dans ce métier ».


L’amour de la coquille
Alors, une reconversion gagnante ? « Assurément ! J’aime la diversité de mon métier, et d’abord sa saisonnalité. Chaque saison, chaque semaine, chaque jour sont différents. Chaque année, on a hâte que la pêche à la coquille Saint-Jacques reprenne. C’est l’emblème de la Baie ! On aime le stress de cette période, autant que le calme de celle qui suit. J’aime aller en mer comme rencontrer mes clients qui parfois ont fait quatre heures de route pour venir chercher leurs coquilles, leur expliquer comment on les décortique, leur donner des recettes, leur parler de la pêche. Leur dire : mangez des coquilles Saint-Jacques, c’est un produit noble et accessible, surtout si on l’achète en circuit court. Avant, je vendais de la pub, donc… du vent ! Aujourd’hui je vends un produit dont je connais la provenance, qui a été pêché avec le cœur, dans le respect de l’environnement, de la préservation des ressources, par des gens que j’aime. Ça change tout ».
Retrouvez Nazado, le site web de vente directe de Typhaine et Eddy ici.
