Morgane Gautier et son mari, Kévin, sont les armateurs du Penn Melegan II, un bateau de Saint-Cast Le Guildo, spécialisé dans la pêche aux coquilles Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc, aux araignées et aux praires. Il gère ce qui se passe à bord, elle assure la gestion à terre, et même plus ! Rencontre.
« Mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon père étaient patrons pêcheurs. Je ne pouvais pas me marier avec un comptable ! » déclare d’emblée Morgane Gautier dans un sourire. Lorsqu’elle rencontre son futur mari Kévin, il est matelot. Ensemble, en 2021, ils acquièrent le Penn Melegan II et s’orientent vers la pêche aux coquilles Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc, aux araignées et aux praires. « Nous employons deux matelots et, chaque année, un jeune en contrat professionnel. Kévin s’occupe de la partie à bord. Je gère tout ce qui entoure la pêche. Nous sommes complémentaires, poursuit Morgane. Sans lui, rien ne serait possible. Sans moi non plus ! ». Quand le bateau est en mer, Morgane prend la barre de l’administratif. Au programme, facturation, gestion des licences, ou encore animation des réseaux sociaux , où elle aime partager des informations pour faire connaître le métier. Elle contacte surtout ses clients pour prendre les commandes et préparer sa tournée. Dès le retour du bateau au port, elle est sur le ponton pour la débarque, et repart aussitôt avec son camion pour les livraisons. « Avec deux enfants encore jeunes, de 5 et 11 ans, nous avons choisi de ne pas faire de vente directe aux particuliers, précise-t-elle. Nous ne travaillons qu’avec des mareyeurs, la grande distribution, des détaillants et des restaurants. Un vrai lien s’est noué avec nos clients. Les petites poissonneries par exemple me confient leur clé, pour que je puisse leur déposer leur marchandise. J’anime aussi des rencontres consommateurs-producteurs en grandes surfaces ».

Indispensable à l’équilibre de l’équipage
Sans embarquer, Morgane fait partie intégrante de l’équipage. Tout à tour moteur, protectrice ou confidente, elle motive, alerte, rassure, apaise les tensions parfois. « Je me tiens au courant de la météo, je suis le bateau à distance, et je suis très ferme sur la sécurité, affirme-t-elle. La coquille Saint-Jacques notamment comporte une part de risque du fait du temps de pêche restreint. Même si nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout avec Kévin, ce qui d’ailleurs fait rire au port, j’ai une confiance aveugle en lui et l’équipage. Et je me sais écoutée ».

Préparer la relève
Vraie passionnée, Morgane dit tout aimer du métier. Le côté compétitif, nécessaire pour se démarquer, et inattendu, avec des horaires jamais fixes et toujours des surprises. La part de risque justement. Le contact commercial, aussi. Les qualités pour l’exercer ? « Avoir les reins solides et ne pas avoir peur de se casser un ongle, sourit-elle. Je peux déplacer jusqu’à deux tonnes de coquilles Saint-Jacques dans la journée ! Dans la semaine, il faut oublier sa féminité. Et avoir du courage, être positif, optimiste et persévérant. C’est un métier exigeant. Mais il faut se lancer si on a envie. Il faut faire perdurer notre tradition de pêche artisanale et former des jeunes. Ils sont notre relève de demain. Les femmes y ont toute leur place. Aujourd’hui, dans le milieu, elles sont respectées et admirées, surtout celles qui embarquent, car elles apportent un vrai plus, une vision nouvelle ». Côté relève familiale, elle semble assurée. « C’est important pour nous que nos enfants reprennent l’armement. C’est bien parti : à 11 ans, Nohann, notre aîné, est déjà pressé de rentrer au lycée maritime ».
Retrouvez la page Facebook du du Penn Melegan II ici.
