En 2021, à 20 ans, Thomas Le Hégarat devenait l’un des plus jeunes patrons-pêcheurs bretons. Il incarne aujourd’hui cette nouvelle génération séduite par le métier de marin-pêcheur. Mais pas à n’importe quelles conditions. Il nous explique.
Thomas, comment avez-vous choisi votre métier ?
J’aime la mer et la pêche, depuis toujours. Je suis né dedans et c’est une vraie histoire de famille ! Dès l’âge de six ou sept ans, mon père, lui-même marin-pêcheur, m’emmenait en mer sur son bateau, pendant les vacances et le mardi soir car il n’y avait pas d’école le lendemain. Je suis entré au lycée maritime de Paimpol dès que j’ai pu. J’y ai passé quatre ans : deux pour préparer mon CAP, puis deux pour préparer l’examen me permettant de devenir patron. Pendant les vacances, je travaillais avec les pêcheurs de Saint-Quay-Portrieux et j’économisais l’essentiel de mon salaire. J’ai ensuite navigué comme matelot pendant 18 mois avant de décider d’acheter mon propre bateau. J’avais tout ce qu’il fallait pour être à mon compte : l’expertise, l’apport initial, le prévisionnel financier. C’est tombé à l’eau au dernier moment : j’avais 18-19 ans. Trop jeune ! La seconde tentative, à 20 ans, a été la bonne. Je suis depuis le patron du Yuna.
© Le Penthièvre
Vous travaillez seul ?
Avec mon père. J’ai eu la chance d’apprendre avec lui. C’est indispensable. Quand on veut devenir patron, il faut s’en donner les moyens, et commencer par être un bon matelot ! Aujourd’hui, c’est mon père mon matelot. Je forme aussi depuis une deuxième personne, qui nous a rejoint l’an dernier pour la saison de coquilles Saint-Jacques. Elle remplacera mon père quand il prendra sa retraite.
Quels autres conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait se lancer ?
D’abord, de n’acheter un bateau que si l’on a la licence de pêche à la coquille Saint-Jacques. C’est une activité qui rémunère bien : les coquilles sont abondantes, et comme on pêche à proximité sur un temps réduit, on consomme peu de gasoil. J’aime aussi le fait qu’elle se pratique de jour. C’est sécurisant car on voit tout ce qui se passe autour. Ensuite, être en bonne condition physique, car c’est intense ! Nous n’avons que trois-quarts d’heure pour pêcher, il ne faut pas se manquer. Cinq minutes sont vite perdues ! Il ne faut pas non plus compter ses heures. Personnellement, même lors de la saison de coquilles Saint-Jacques, je continue à pêcher au chalut. Ma semaine commence le lundi avec la marée de coquilles, et se termine le samedi matin. Je ne suis à la maison que le mercredi soir. Toutes les autres nuits de la semaine, je suis en mer à la pêche au chalut. Mais c’est une vraie passion. Ce métier me tient !