16 novembre 2023

L’Ifremer, allié de poids de la coquille Saint-Jacques de Baie de Saint-Brieuc

La coquille Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc

Quel est le rôle de l’Ifremer en amont de l’ouverture de la saison de pêche à la coquille Saint-Jacques en Baie de Saint-Brieuc ?

Chaque année, nous évaluons le gisement, en termes de densité et de qualité du stock. L’enjeu est double : estimer la biomasse exploitable sur la saison et voir comment la population de coquilles va évoluer dans le temps. Nous sommes capables de faire des projections sur trois ans. C’est très rare ! Nous développons ensuite des scénarios qui sont présentés au Comité des pêches, qui les étudie pour établir les quotas de pêche de la saison à venir et le cas échéant, prendre des mesures de gestion pour les suivantes. Notre diagnostic est un facilitateur de prise de décision et un outil d’anticipation pour préserver les ressources et assurer la durabilité de la pêche dans la baie.

Concrètement, comment se passe cette évaluation ?

Elle se déroule sur une quinzaine de jours, par zones, dans toute la Baie, avec un navire spécifique muni d’une drague expérimentale : ses anneaux mesurent 50 mm de diamètre, au lieu de 97 mm pour les bateaux de pêche classiques. Bien plus petits, ils peuvent retenir des coquilles à partir de l’âge d’un an. Le protocole est très précis : le coefficient de marée doit être inférieur à 90, le trait est réalisé en remontant le courant, sur 200 m, pendant 2 min 20 minimum et 2 min 45 maximum. Une fois pêchées, les coquilles sont déversées à bord puis triées en fonction de leur âge, puis de la structure de leur taille dans chaque groupe d’âge. Cela nous permet d’estimer ce qu’il y a sur le fond de l’océan à partir de ce que nous ramenons sur le pont du bateau. On sait par exemple que les coquilles nées en 2022 pourront être pêchées au mieux début 2025.

© Ifremer – navire THALIA

Comment se porte le gisement ?

À merveille ! Depuis 2020, la tendance à la hausse est nette. Le nombre de coquilles de 102 mm ou plus, qui constituent la biomasse immédiatement exploitable, a encore augmenté de 30 % par rapport à 2022, pour atteindre 61 300 tonnes. Et avec la croissance moyenne des coquilles, 24 % de plus devraient être exploitables en milieu de saison de pêche. Seul petit bémol : les juvéniles, qui ont un an, sont un peu moins abondantes. Mais cette légère baisse intervient après trois années record : leur nombre reste toujours très élevé par rapport à la moyenne sur les 60 dernières années. Ces bons résultats sont en grande partie le fruit des mesures de gestion avant-gardistes prises dès les années 1970, comme la diminution de l’effort de pêche et l’adaptation de la taille des anneaux des dragues. Les pêcheurs de la Baie de Saint-Brieuc ont vraiment été précurseurs !

Le saviez-vous ?