19 octobre 2023

La grande histoire de la coquille Saint-Jacques

La coquille Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc

L’évocation de la coquille Saint-Jacques vous met l’eau à la bouche ? Normal, de nos jours, elle est avant tout perçue comme un mets de choix, surtout lorsqu’elle vient de la Baie de Saint-Brieuc ! Mais le précieux coquillage est bien plus que ça. Tour à tour ornement, symbole religieux ou gage de protection, elle est aujourd’hui considérée comme une véritable sentinelle de la mer. Plongeon dans l’histoire de la coquille Saint-Jacques.

Une très vieille dame

La coquille Saint-Jacques serait présente dans les fonds marins depuis plus de 25 millions d’années. Les hommes préhistoriques s’en servaient déjà comme outils, récipients – notamment pour préparer les pigments -, ou même parures pour les défunts : en Bretagne, on en a retrouvé dans des sépultures datant du Néolithique ! À cette époque, les peuples vivant en bord de mer la dégustent déjà.

Emblème des pèlerins de Compostelle

Dans l’Antiquité, on portait sa coquille pour se protéger du mauvais sort et des maladies. Au Moyen-Âge, les premiers pèlerins vers le tombeau de Saint-Jacques de Compostelle la ramassent en arrivant sur les plages de Galice, en Espagne, tout au bout de leur parcours. Ils la ramènent comme souvenir et preuve de leur voyage. C’est de ce pèlerinage qu’elle tire son nom ! La coquille devient bientôt un signe de reconnaissance. Elle sert aussi d’assiette pour se nourrir, de gobelet pour boire aux fontaines ou pour demander l’aumône. Elle fait encore aujourd’hui partie de la panoplie des marcheurs.

Symbole de la fécondité

À la Renaissance, la coquille Saint-Jacques s’impose dans l’art et l’architecture, ornant portails et portes de maison, niches et autels d’église, jardins… Le peintre emblématique de cette époque, Botticelli, la place au centre d’un de ses plus célèbres tableaux, « La Naissance de Vénus », comme symbole de l’amour et de la fécondité.

Machine à remonter le temps

Au milieu des années 1990, les scientifiques font une découverte majeure : la coquille de la Saint-Jacques est un marqueur temporel. À l’image des cernes fabriqués chaque année par les troncs des arbres, elle produit en effet des stries de croissance, mais au rythme d’une par jour ! Véritable ligne de vie, chaque strie enregistre de nombreuses informations sur les conditions dans lesquelles elle s’est créée. Le décryptage de ces données, sur des coquilles datant de plusieurs millénaires, est une clé pour comprendre les écosystèmes au fil du temps : en étudiant leur croissance, on peut reconstituer les climats, les variations de l’environnement, mais aussi suivre le réchauffement actuel et en tirer de indices pour demain. Les dernières recherches sur ses mouvements montrent aussi qu’elle est sensible aux algues toxiques, au manque d’oxygène et aux sons. La coquille Saint-Jacques est devenue outil scientifique, instrument de mesure et lanceuse d’alerte !

Histoire de dire…
Au 16e siècle, la coquille Saint-Jacques était encore appelée « large coquille » ou « peigne de la mer ». D’où, d’ailleurs, son nom scientifique Pecten Maximus. Ce n’est qu’au 17e siècle qu’on trouve la première mention de Saint-Jacques, en référence au fameux pèlerinage.