« Être pêcheur, c’est avoir une certaine liberté »
À 49 ans, Sébastien Liscoët pêche la coquille Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc depuis plus de 20 ans. Sans jamais se lasser ! Chaque année, il aime voir revenir la saison de la Reine de la baie. Un fleuron de la mer particulièrement apprécié.
La pêche, c’est une passion pour vous ?
J’ai toujours eu envie de faire ce métier. Mon grand-père et mon père étaient marins. Mon frère Franck et moi avons été bercés par la pêche. Nous habitions sur le port du Légué à Saint-Brieuc : enfants, c’était notre terrain de jeu et les bateaux, notre vie. Mais nos parents ne souhaitaient pas que nous devenions pêcheurs : à leur époque, il n’y avait pas d’électronique et d’hydraulique sur les bateaux et le métier était beaucoup plus difficile physiquement. De plus, nous étions légèrement daltoniens tous les deux. Nous ne pensions donc pas pouvoir devenir patrons pêcheurs un jour. Nos parents nous ont orientés vers d’autres professions. Mon frère est devenu soudeur et a travaillé dans la forge marine. J’ai fait du forage de puits artésiens.
Quand êtes-vous devenu patron-pêcheur ?
Un jour, nous avons refait des examens spécifiques et nous avons eu le feu vert médical. Nous nous sommes donc inscrits à l’école de pêche de Paimpol en formation adulte. Puis on s’est lancés. J’ai commencé la pêche en novembre 2000, comme matelot sur l’Atlantis. Puis en 2002, mon frère et moi, nous nous sommes associés et avons acheté notre premier bateau. L’actuel Kreiz Ar Mor – le milieu de la mer en breton -, un chalutier coquiller de 12 m amarré à Saint-Quay-Portrieux, est notre cinquième navire. Nous naviguons à trois de septembre à avril pour la saison des coquilles Saint-Jacques, à deux le reste de l’année.
Qu’est-ce qui vous plaît dans la pêche à la coquille Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc ?
C’est une pêche « cool », même si elle demande beaucoup de concentration pour rester en sécurité. Il faut être rapide et être attentif en permanence : chacun doit être à sa place, et savoir exactement quels gestes techniques réaliser. Le reste de l’année, nous pratiquons la pêche au chalut. Nous partons vers 14h30, pour revenir vers 6h30 le lendemain : nous avons juste le temps de manger et de nous reposer qu’il faut repartir. La pêche à la coquille Saint-Jacques se pratiquant sur une marée, nous ne sommes que cinq heures en mer. En revenant, nous livrons nos coquilles directement à la criée de Saint-Quay-Portrieux. Cela laisse davantage de temps pour faire autre chose, notamment profiter de la vie de famille. Elle nécessite aussi peu de frais de matériel une fois le bateau équipé pour la saison. Mais surtout, la coquille Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc est un produit noble, une valeur sûre : la ressource étant bien gérée et préservée, nous savons que nous allons en trouver. Elle fait vivre de nombreux foyers. On fait vraiment un beau métier, dans un décor magnifique : selon le temps et la lumière, la côte est différente. Il nous arrive même de croiser des dauphins. Être en mer et pêcher, c’est profiter d’une certaine liberté.