7 décembre 2022

Entretien avec Vincent CADREN

Les femmes et les hommes

« La pêche à la coquille Saint-Jacques, c’est une bouffée d’adrénaline »

Vincent Cadren, 40 ans, est patron pêcheur. Huit ans qu’il pratique la pêche à la coquille Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc à bord de son chalutier coquiller de 10,50 mètres, le Sant Rumon II. Un métier qu’il ne changerait aujourd’hui pour rien au monde. Rencontre.

Quel a été votre parcours avant de devenir patron-pêcheur ?

Je suis le pur fruit d’une reconversion professionnelle. Titulaire d’un DESS Analyse financière et évaluation des politiques publiques, j’ai été pendant 10 ans responsable financier de la communauté d’agglomération de Lannion, puis de la ville de Morlaix. Mais je ne suis tout de même pas arrivé dans le métier par hasard : mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon père, mes cousins, mes oncles, étaient ou sont encore pêcheurs. J’ai été élevé dans ce milieu.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’exercer ce métier ?

La mer, c’est comme une drogue ! Pour des parents, c’est dangereux de la faire goûter à ses enfants (sourires). Je la pratique en famille depuis que j’ai six ans. Lorsque je travaillais comme fonctionnaire territorial, j’accompagnais parfois mon père et je faisais par ailleurs de la voile, mais la mer et le travail physique me manquaient. Et puis, au bout d’un moment, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour du poste que j’occupais. J’ai donc décidé de me mettre en disponibilité de la fonction publique. J’ai repris les études pendant six mois pour obtenir mes diplômes de capitaine et de motoriste et j’ai travaillé pendant un an avec mon père, qui venait de prendre sa retraite. Il m’a beaucoup aidé et transmis tout ce qu’il savait, non sans m’avoir mis en garde sur l’incertitude et les risques liés au métier. J’aime cette activité pour l’adrénaline qu’elle provoque et sa diversité : il faut avoir des compétences en navigation, en mécanique, en hydraulique, en administration et comptabilité, en vente aussi puisque j’ai un local où je fais de la vente directe.

Qu’est-ce qui vous plaît dans la pêche à la coquille Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc ?

C’est une pêche dans l’air du temps, durable et responsable : on ne prélève que ce que la nature peut nous donner, pas plus. Nous savons à l’avance la quantité que nous sommes autorisés à pêcher, et parce que la ressource, bien gérée, est abondante, nos revenus sont assurés. Pour un pêcheur, c’est confortable de pouvoir anticiper ! C’est aussi une pêche de proximité, donc faible consommatrice de gasoil et qui laisse le temps à la vie de famille. Et on travaille dans un cadre dont tout le monde rêverait : les eaux pures de la baie de Saint-Brieuc, entre Bréhat et le Cap Fréhel. J’aime aussi le côté technique de cette pêche. Comme dans une mi-temps de foot, tout se joue en 45 minutes. Tout doit être parfaitement réglé ! Enfin, j’aime le produit en lui-même : un produit noble, de saison, attendu et apprécié. Il n’y a rien de meilleur que sa noix blanc nacré, bien charnue et légèrement sucrée !